La partie de ping-pong entre Ary Chalus et Sonia Taillepierre pourrait se résumer à un mauvais vaudeville. Tempête dans un verre d’eau pourrait en être le titre. Nous pourrions en rire. Nous saurions gré aux élus de nous avoir gratifiés d’une tranche de rigolade. L’ennui c’est que cette affaire illustre jusqu’à la caricature les travers de notre personnel politique. La lutte afin d’obtenir des postes est la principale motivation de nos élus. Chez Sonia Taillepierre, il y a aussi une bonne dose d’orgueil et le souci de revendiquer le respect dû aux femmes. L’argument fait mouche. Chez Ary Chalus il y a cette manière brutale d’exercer le pouvoir. Cette façon de procéder repose sur l’illusion qu’au sommet de la pyramide on peut décider de tout. Dictateur a dit Sonia Taillepierre. Le mot charrie un univers bien plus monstrueux que le sort qui a été fait à l’élue régionale.
Ary Chalus n’a rien d’un Pinochet ou d’un Franco. Question d’échelle et de moyens. L’image risque pourtant de lui coller à la peau juste parce que ce pouvoir, il a voulu l’exercer à mauvais escient. Madame Taillepierre a été élue au CTIG. Certes contre le gré d’Ary Chalus. Il a manifesté sa mauvaise humeur. C’était suffisant. Il avait le devoir de respecter pleinement ce scrutin. Un vrai chef est celui qui accepte de s’appliquer à lui-même les règles. La passe d’armes entre Ary Chalus et Sonia Taillepierre aurait pu être qu’un épiphénomène. Mal gérée, l’affaire a eu des débordements médiatiques qui laisseront des traces. La tempête dans le verre d’eau risque d’éclabousser les rapports entre le GUSR et Ary Chalus. Le jeu valait-il la chandelle ?
Pendant ce temps, la crise du CHU s’enlise. Bien malins sont ceux qui y comprennent quelque chose. Dans ce capharnaüm prolongé, au lieu des chamailleries autour des prérogatives des conseillers régionaux, les citoyens auraient préféré entendre la voix de la Région sur la crise sanitaire qui affecte la Guadeloupe. C’eut été une excellente occasion de faire de la politique. Quelle offre de soins pour la Guadeloupe ? Comment tirer les leçons de l’incendie ? Quelle politique de santé ? Certes le conseil départemental est à la manœuvre. Mais quelle est la voix politique la mieux autorisée à se faire entendre et à intervenir auprès de l’État, sinon l’instance qui réunit le plus de pouvoirs ? La Région est restée muette.
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