Le Courrier de Guadeloupe est revenu la semaine dernière sur le projet de grand port de la Guadeloupe en présentant de la manière la plus neutre possible les enjeux. Ne manquait que les observations du comité de pêche que nous n’avions pas encore en notre possession. C’est vrai les pêcheurs font valoir des arguments sérieux qui méritent toute notre attention. Les autorités du port devraient rencontrer les représentants de la profession et discuter des modalités à mettre en œuvre pour diminuer le plus possible l’impact du dragage du port. C’est comme cela qu’on peut construire et développer un pays en bonne intelligence. Certainement pas en se braquant. Et en jouant contre son propre camp. Il faut dire que lors de la présentation du projet, l’accent a été mis surtout sur l’opportunité de développer le trafic portuaire et partant, l’activité commerciale. C’est louable, gratifiant et tout compte fait assez logique. Toutefois, et ce faisant, les conséquences d’une non réalisation éventuelle du projet – pour dramatiques qu’elles sont- devraient interpeller encore davantage, que la renonciation à une opportunité de développement. Le choix ne se situe pas entre stagner et avancer mais entre avancer et reculer. Le recul sera vite identifiable et palpable pour les entreprises de la Guadeloupe. L’impossibilité d’accueillir les nouveaux bateaux à plus fort tonnage relègue la Guadeloupe au rang de port secondaire. Les professionnels du transport maritime dans leur jargon disent feedérisé. Car les petits bateaux qui font la navette entre le grand port et les petits sont des feeders. Si tout cela n’était qu’affaire de prestige nous pourrions je pense ravaler notre superbe. L’ennui c’est qu’être feedérisé a un coût. Plus précisément c’est une perte qui a été évaluée à 50 millions d’euros par an pour l’économie guadeloupéenne. Bref, le seul destin qui nous est offert dans cette perspective de feedérisation c’est d’être encore une fois vassalisée par la Martinique au niveau économique. Le vrai choix se situe là aussi. Guadeloupe ou Martinique. Or, si l’on en croit les derniers échos qui nous viennent des instances européennes la Martinique s’est beaucoup activée en coulisse pour refaire le chemin sur un dossier où ils ont été absents pendant longtemps. Le carburant, l’université, la télévision privée et maintenant l’infrastructure portuaire. Il serait temps que nos élus comprennent que les intérêts des deux territoires deviennent de fait de plus en plus divergents. Sur la question du grand port il serait temps de constituer un comité stratégique qui prendrait crânement la défense de ce projet. On pourra dès lors ne plus avancer masqué ou en faisant semblant.
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