Vu du campus de Fouillole, université des Antilles, depuis la Marina de Pointe-à-Pitre

C’est un classement qui n’est pas de nature à convaincre les bacheliers de rester dans leur archipel. Et qui pourrait inspirer la commune et ses partenaires soucieux de monter en gamme. Ce 3 juillet, le magazine L’Étudiant a dévoilé son palmarès 2024-2025 des villes où il fait bon étudier. Pointe-à-Pitre est bonne dernière.

À la marina de Pointe-à-Pitre qui jouxte le campus de Fouillole qui dévoile à l’horizon la tour du Crous, les bâtiments de la bibliothèque universitaire et un amphithéâtre (photo ci-dessus), Le Courrier de Guadeloupe a recueilli les réactions d’un groupe d’adolescents. Selon eux, Pointe-à-Pitre n’a pas compris l’importance de l’attractivité étudiante pour stimuler son développement économique et social, et n’investit pas dans des infrastructures adaptées et des services de soutien.

Leelhya 17 ans « n’est pas étonnée par ce classement, il y a trop de délinquance et je ne me sens pas en sécurité quand je vais là toute seule » décrit-elle à l’évocation de la ville sous-préfecture. Selon Elsa 16 ans, « Pointe-à-Pitre ce n’est une ville pour personne, ni pour les étudiants, ni pour les personnes âgées, ni pour les travailleurs. C’est une ville qui dépérit un peu comme Détroit aux États-Unis ». Le tableau est aussi pessimiste pour Nahel 18 ans, selon qui « Pointe-à-Pitre est la seule ville où il y a une université à côté d’un quartier de prostituées, et en plus ce n’est pas un mais deux ! Il y a Carénage d’un côté et Grand Baie de l’autre. C’est grave ! En plus il n’y a pas vraiment de logements » déplore-t-il.

Largement relayé dans les médias de presse écrite, en ligne, à la télévision et à la radio, le hit-parade des villes étudiantes réalisées par L’Étudiant bénéficie d’une large notoriété parmi les lycéens, les étudiants, les parents, et les professionnels de l’éducation. Pour ce cru, la rédaction du média créé en 1972 a comparé 47 villes françaises qui accueillent plus de 8 000 étudiants.

Pointe-à-Pitre avec son agglomération se classe donc à la toute dernière place. Après Douai-Lens dans les Hauts-de-France dont l’unité urbaine désigne les communes ayant une continuité de bâti autour des villes de Douai, Lens, Liévin et Hénin-Beaumont. Et Fort-de-France, le chef-lieu de Martinique.

Peu attrayante, manque de charme, offre de formation limitée, peu d’animation étudiante, environnement de vie dégradé, opportunité d’emploi à un mauvais niveau. Voilà le cocktail perdant obtenu par Pointe-à-Pitre au travers des six catégories passées en revue par le site web dédié à l’information et l’accompagnement des étudiants.

La méthodologie utilisée par L’Étudiant est loin de la perfection. Par exemple, concernant la formation, c’est la densité de l’offre qui détermine le classement, et non la quantité brute. Plus une ville compte d’habitants et plus son taux se dilue. Paris se retrouve par ce biais avec une côte à 2/10 qui peut prêter à sourire. Il n’en reste pas moins vrai que Pointe-à-Pitre se noie à peu près partout dans des niveaux médiocres.

En termes d’attractivité, la ville hôte du campus de Fouillole de l’université des Antilles obtient le score de 4/20. La quasi-absence d’étudiants internationaux parmi les inscrits (2,85 %) et l’évolution « passable » du nombre d’étudiants sur les 10 dernières années, sont les indicateurs d’un faible intérêt. À ces critères il faut ajouter le fait que selon les données de L’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité, environ 40 000 étudiants ultramarins suivent des études supérieures dans l’Hexagone et ont quitté leur territoire.

Côté formation, avec 7 offres « prépas et grandes écoles », la ville obtient le score de 4/10. La densité de l’offre de formation obtient elle la note de 1/10 en raison du nombre du faible nombre de formations d’enseignement supérieur disponible.

« Accepter 400 étudiants dans une filière pour tenter d’en insérer un maximum, alors que nous savons que nous ne devrions inscrire que les 200 qui ont le niveau et seront en mesure de réussir, est un dilemme permanent » explique au Courrier de Guadeloupe un enseignant de Fouillole. Le taux de chômage à 18,65 % fait de l’emploi l’un des problèmes majeurs.

La qualité du cadre de vie et la vie étudiante tutoient aussi le niveau 0 avec des scores 1/11 pour le transport et la mobilité, 2/10 pour le logement, 1/10 pour l’offre culturelle et 1/10 pour le poids des étudiants dans la population. Les 8 125 étudiants pris en compte dans le classement représentent 3,25 % de la population de l’agglomération pointoise, et 50 % de la population totale de Pointe-à-Pitre. Avec 8/10 et un quotient très bon, la qualité de l’air est le seul paramètre dans le vert.

Le site très fréquenté par les lycéens et étudiants pour ses ressources sur l’orientation et les études termine son classement avec une série de 20 sujets sur lesquels il demande l’avis des étudiants. Mais le média affiche « non significatif » à tous les paramètres évalués en raison du faible nombre, voire l’absence, de réponses collectées.

Les étudiants de Fouillole n’ont pas pris la plume pour indiquer les notes qu’ils attribuent à Pointe-à-Pitre et son agglomération en matière de logement, culture, transport, santé, sport, emploi, soutien aux associations, aide à la mobilité internationale, engagement pour l’environnement, accessibilité aux personnes en situation de handicap, sécurité, dynamisme, qualité de vie, ambiance, budget, enveloppe mensuelle pour les courses alimentaires, budget pour les sorties, prix d’un café ou d’une bière.

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