D’abord il y a eu l’époque où déporter et réduire en esclavage des millions d’hommes n’avait rien d’amoral. Pour se donner bonne (?) conscience, la société éclairée du siècle des lumières qui ne jurait pourtant que par la Raison décida d’exclure ces esclaves noirs de la famille humaine. Ensuite, s’installa un processus insidieux nommé colonisation. Les sous-hommes devinrent des sous-citoyens. C’est à cette époque, que le général de Gaulle par l’entremise de fonds publics et pour vanter la gloire éternelle et sans frontière de la France installe France-Antilles. D’abord en Martinique puis en Guadeloupe. La ficelle plus épaisse qu’une corde d’amarrage passe comme une lettre à La Poste. Installée dans le paysage antillais, France-Antilles va exhiber en « Une » pendant de longues années toutes les turpitudes de la colonie. « Mi foto ay » criait chaque matin Déterville à Pointe-à-Pitre, rue Frébault. À la plus grande joie des gogos que nous sommes. Parce que cette stratégie de France-Antilles dont le seul objectif était de vendre, a surtout contribué à grossir les aspects les plus négatifs de notre société. Les mentalités ont changé, les techniques de communication aussi. La presse quotidienne papier peine sur un petit territoire comme le nôtre. Les mutations technologiques nous donnent l’occasion de rompre avec un outil d’aliénation institutionnalisé vieux de 55 ans, sans que nous ayons jamais rien entrepris pour y mettre fin. Et voilà que ceux chargés de parler en notre nom, nos élus de tous bords décident d’agir afin que l’œuvre d’aliénation se perpétue. Hier et plus avant, la colonisation et l’esclavage nous furent imposés. Nous étions des victimes. Aujourd’hui au lieu de célébrer le stop nous crions encore. Nous sommes des masochistes. Les dirigeants de France-Antilles sont assez gonflés pour nous demander d’intercéder pour qu’ils continuent à façonner nos mentalités. Les dominants ne doutent jamais de rien. Je n’ai pas trouvé de mot pour qualifier de façon assez précise quoi nous sommes, lorsque nous nous posons en avocats de ceux qui depuis si longtemps manipulent nos consciences. Il y aurait eu un projet de reprise de France-Antilles par ses salariés locaux, nous l’aurions soutenu. Là c’en est trop.
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