Le passeport vaccinal outil de discrimination

Dire que nous vivons une époque peu réjouissante est un euphémisme. Outre qu’elle génère angoisses, peurs, et troubles psychiques, elle interdit toute perspective. Il devient difficile d’élaborer des projets à moyen ou long terme. La vie a beau s’inscrire dans le mouvement et dans le temps, avancer s’avère compliqué. Nous ne savons pas de quoi sera fait demain. L’époque est troublée. Elle est jonchée de privations de libertés, de restrictions sociales, d’interdictions de vie culturelle. Un comble pour Homo sapiens réputé animal culturel et social. Le virus affecte aussi les économies des pays, au mieux elle met en berne leur croissance. Et puis sont arrivés les vaccins. Lueur d’espoir pour certains, objet de défiance pour d’autres, leur entrée en scène n’a pas suscité le bonheur escompté. Trop de ratés, trop de cacophonies, trop de retard à l’allumage. Le plus grave reste pourtant à venir. Israël et la Grèce ont décidé d’instaurer un passeport de vaccination. Leurs titulaires pourraient librement circuler, voyager, aller au restaurant. Pas les autres. Une telle mesure pose de nombreuses questions éthiques. L’Université anglaise d’Exeter vient de publier un rapport qui rappelle qu’un tel passeport ” crée une nouvelle distinction entre les individus basée sur leur santé. Il peut être utilisé pour déterminer le degré de liberté et les droits auxquels ils ont droit”. Le passeport vaccinal est-il pour autant efficace dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ? Ce n’est pas l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé…“Nous ne recommandons pas les passeports d’immunité, et nous ne recommandons pas l’usage de tests comme un moyen d’éviter la transmission du virus aux frontières “, a indiqué à ce propos Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence à l’OMS-Europe, le 3 décembre dernier. Qu’importe, la campagne en faveur du passeport vaccination a déjà commencé en France. Ces jours derniers sur tous les plateaux de télévision de l’Hexagone, l’élite bien-pensante – journalistes surtout – est venue défendre le passeport vaccinal. Au nom bien sûr de la liberté. Celle de partir en voyage, d’aller au restaurant etc. Elle feint d’ignorer mais elle le sait que tout le monde n’a pas, n’aura pas accès au vaccin ou n’a tout simplement pas envie de se faire vacciner. La liberté est essentiellement un bonheur égoïste.