Imperturbable, Emmanuel Macron continue dans son projet de réformer la France. C’est du moins la façon policée de nommer les bouleversements actuels et à venir dans la vie des Français. Comme souvent, Bercy mène le bal. Les prestations sociales sont appelées à subir un vigoureux coup de rabot. Si l’on en croit les fuites orchestrées dans la presse nationale, les aides personnalisées au logement (APL) passeront à la trappe. Les aides aux handicapés subiront des coupes claires, les bourses étudiantes vont s’évaporer. L’application de toutes ces mesures signifie la fin d’une époque et l’entrée de plain-pied de la France dans une société qui privilégie la liberté au détriment de l’égalité. Les tenants du libéralisme à tous crins comprennent surtout liberté de s’enrichir. Ceux qui ne savent pas comment y parvenir doivent s’en prendre à eux-mêmes. C’est la preuve qu’ils ne sont pas adaptés à la société.
La France a résisté pendant soixante-dix ans à cette vision du monde, calquée sur le modèle américain. Emmanuel Macron a tourné le dos à ce qu’il appelle le vieux monde. Vrai, il n’avait pas que des qualités ce vieux monde. Il avait laissé s’annihiler le goût de l’effort et s’anéantir le sens des responsabilités dans bien des cas. Il donnait aussi l’impression d’être à bout de souffle. Bien aidé en cela par tous ses pourfendeurs qui depuis longtemps l’affublent de tous les maux. Il n’est pas sûr cependant que ceux qu’on qualifie allègrement d”‘assistés” soient les plus grands “profiteurs” du système. Le journaliste Bruno Botelle vient de débusquer une autre catégorie de privilégiés. Ils jouissent de rémunérations indécentes au cœur du symbole de la démocratie : l’Assemblée nationale. La Fontaine est plus actuel que jamais. Dans la nouvelle société qui nous est promise, les misérables sans attendre de jugement deviendront des gueux, des galeux. Nul ne peut prédire le résultat de cette transformation de la société. Après tout, la théorie du ruissellement ou – autre variante — celle du premier de cordée a peut-être des vertus insoupçonnées. Il ne s’agit pas non plus d’émettre un quelconque jugement sur le cours des choses. Il faut juste informer les plus concernés, sur le monde qui les attend.
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