Manuel Valls a fait un petit détour par chez nous. Réclamé par beaucoup, eu égard aux circonstances. D’ailleurs, au Courrier de Guadeloupe nous ne sommes pas en reste puisque nous titrons à la Une de notre journal « Valls a mis le temps » ! Car voyez-vous, 39 homicides dans la circonscription judiciaire de Guadeloupe – Saint-Martin (dont 31 en Guadeloupe) depuis janvier 2013, c’est-grave. A ce point grave qu’il nous fallait au moins grand médecin pour soigner ce cancer. Mais le peut-il vraiment ? A-t-il une baguette magique ? Assurément, non ! La presse de l’Hexagone comme souvent lorsqu’un ministre se déplace en Guadeloupe -sauf s’il est un enfant du pays- a préparé le terrain à l’occasion de la visite du ministre. Ils ont embouché leurs trompettes funestes et battu au son de caisse. La Guadeloupe serait d’un coup d’un seul devenue un coupe-gorge. Ce qui bien sûr est complètement faux, même si, c’est indéniable, le ver ronge depuis un moment déjà le fruit. Pour autant, fallait-il que notre comité du tourisme soit si ému de cette exposition médiatique fugace de la Guadeloupe pour qu’elle supplie de grâce, cette presse hexagonale d’arrêter le massacre pour ne pas pourrir notre saison touristique ? Pas la peine d’insister sur l’inanité de la démarche. Mais de surcroît le ton adopté, le choix des mots et pour tout dire la (non) stratégie déployée relève d’une communication des plus piètres. J’ose seulement espérer que ce pitoyable exercice n’a pas coûté au comité les yeux de la tête. Car enfin, mis à part l’effet campagne de presse créé par l’opération tir groupé, je n’ai relevé nulle outrance dans les nombreux articles des différents journaux de l’Hexagone. Sinon pourquoi laisser sous silence le matraquage systématique du quotidien Guadeloupe si prompt à consacrer sa Une à cette violence sordide ? Et pourquoi reprocher à d’autres ce qu’on laisse faire ici. En pire ! Cela dit, le problème de la violence n’en demeure pas moins réel. Il est d’autant complexe et ardu qu’on l’a laissé se développer. Depuis une trentaine d’années tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis. Chômage de masse, drogue, analphabétisme, famille explosée, école défaillante. Il ne faudra pas seulement de solides mesures de politiques publiques pour éradiquer le fléau, il faudra aussi oser sévir et donner aux forces de police les moyens de remplir pleinement leur rôle. En quelque sorte, il faut la carotte mais aussi le bâton ! Valls que certains socialistes jugent trop sécuritaire, c’est peut-être au moins une bonne image.
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