Les élèves de l'école Graines de génie de Petit-Bourg en visite au Musée Edgar Clerc au Moule se sont initiés au jeu du batey ce 22 novembre. Photo : FB Les amis du Musée Edgar Clerc de Guadeloupe

Les élèves de l’école Graines de génie de Petit-Bourg en visite au Musée Edgar Clerc au Moule se sont initiés au jeu du batey ce 22 novembre. L’expérience s’inscrit dans le cadre de la 32e édition de la fête de la science qui se déroule jusqu’au 27 novembre en Guadeloupe. Sous le thème sport et sciences, l’activité physique est à l’honneur.

Le musée dédié aux Amérindiens a programmé la découverte de ce jeu de balle car il était populaire chez les Guadeloupéens précolombiens et plus généralement les habitants des îles qui le jouaient dans les Antilles et jusque sur le continent, au Mexique, avec plusieurs variantes.

Les règles originelles, réservées à des athlètes, ont été adaptées. Dans les jardins du musée, à l’ombre des arbres géants et petits palmistes, deux équipes se renvoient la balle uniquement avec les coudes, les genoux ou les hanches, et tentent de la faire passer dans les anneaux en hauteur.

À chaque réussite, un point est marqué. La balle représente le soleil dans sa course céleste et ne doit donc pas tomber à terre, sous peine de provoquer un cataclysme ! En 2023, l’équipe qui laisse tomber la balle perd la main et rend la balle à l’équipe adverse.

« Aucun élément archéologique lié au jeu n’a pour l’instant été découvert sur les sites amérindiens des Petites Antilles. Notre seule connaissance vient de la description qu’en fait l’auteur anonyme du manuscrit de la bibliothèque de Carpentras, qui vécut parmi les Kalinagos de la Martinique entre 1619 et 1620 à la suite au naufrage de son navire, et assista à un jeu de balle (appelé jeu de paume chez les Français de l’époque) » explique Susana Guimaraes, conservatrice du musée départemental Edgar Clerc.

Cette source historiographique est considérée comme particulièrement fiable puisqu’antérieure à la période coloniale et aux récits de propagande qu’elle a favorisés.

Maeva Colonneau, médiatrice culturelle au musée d’archéologie précolombienne rapporte que l’institution « dispose d’objets qui ont été modelés en pierre, à partir d’objets qui permettent de jouer au batey ». Cette initiation au jeu du batey avec des collégiens est une prémisse, « c’est une première en vue de préparer l’exposition de l’année prochaine dans le cadre des jeux olympiques [de 2024 NDLR] » annonce Madame Guimaraes.

« Quel est le lien entre la fête de la science et le jeu du Batey ? » interroge une internaute crédule. La connaissance de ces activités sportives ne nous est parvenue que grâce à la science… archéologique. Basée sur l’étude de vestiges matériels et historiographiques, cette discipline qui permet d’étudier l’être humain au cours des siècles, est le parent pauvre des politiques culturels et patrimoniales. En 1978, au Mexique l’anthropologue Ted Leyenaar mettait en garde contre le danger d’extinction des oulémas (l’une des versions du jeu du Batey) : « Il m’est apparu clairement que si les oulémas disparaissaient, nous perdrions le sport le plus ancien de la planète« .

Dans un quartier du nord de Mexico en septembre 2019, des hommes disputent une partie de « ulama », un jeu de balle préhispanique, assimilable au jeu de batey. Il fait son retour dans la capitale mexicaine 500 ans après son apogée.

L’édition 2023 de la fête de la science est marrainée par Agnès Crochemar-Galou, docteur en pharmacie et ancienne joueuse de volley-ball. Le village des Sciences se tient au sein de l’université à Fouillole à Pointe-à-Pitre. 30 événements sont répertoriés dans l’archipel du 20 au 27 novembre, sous la coordination de l’Archipel des sciences.

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