Jacques Gillot : ambiance de fin de règne

Après les résultats du second tour des élections départementales qui ont vu la victoire de la coalition PS/FRAPP/PPDG et surtout, l’élection annoncée de Josette Borel-Lincertin à la tête de l’Assemblée départementale, les clameurs se sont tues. Je ne doute pas cependant qu’en dépit de cette trêve de Pâques, les états-majors qui ont gagné se soient mobilisés et fourbi leur stratégie. En gros et pour faire court, il s’agit de savoir quoi faire de cette victoire, et comment organiser la machine. Car même si pendant la campagne le mot d’ordre fut de faire mieux et davantage, même si la politique de la petite enfance, celle des personnes âgées, l’organisation des transports, l’inextricable dossier de l’eau furent précisément pointés du doigt, il reste toutefois à mettre en musique un programme pour l’heure assez vague quant à ses modalités, et on ne sait pas encore avec quels moyens humains et financiers le cap fixé sera poursuivi. Du côté des perdants, et pour être tout-à-fait juste et précis, du côté de ceux qui les soutenaient, c’est un long lamento autour du thème de la dictature. L’escalade verbale est montée d’un cran. Après les concepts d’hégémonie et de pensée unique déployés comme thèmes de campagne, surtout quand dans le camp du GUSR, on a senti le vent de la défaite -arguments par ailleurs inopérants si l’on se fie aux résultats de ces élections- il est question maintenant de dictature. C’est soit de l’ignorance, soit de la malhonnêteté intellectuelle. Sans aller trop loin et citer des pays connus pour leur dictature, ni décrire leur régime, il n’y a qu’à rappeler tout près de chez nous Haïti sous François Duvalier. Car enfin depuis quand une victoire électorale obtenue dans un pays démocratique est-elle synonyme de dictature ? En réalité, tout cela tient de l’enfantillage et je gage qu’en la circonstance, il s’agit davantage de déception muée en amertume. Cela passera… Mais les vainqueurs n’en sont pas pour autant quittes devant l’Histoire. Ils sont face à une responsabilité immense et on est en droit de leur demander et maintenant ? Au-delà des slogans et formules de campagne, et maintenant les vainqueurs qu’allez-vous faire ? C’est autour de ce leitmotiv que devrait se mobiliser et s’organiser une opposition qui devrait réunir le GUSR et une partie de la droite. Car plus personne n’est dupe. Il n’existe pas seulement de simples passerelles entre les deux familles politiques, mais de vrais ponts. Autant peut-être les assumer. Cela donnera au moins une opposition plus consistante. Toutefois, d’ores-et-déjà, le citoyen lambda est en droit d’exiger plusieurs choses. D’abord qu’il n’y ait pas dans les faits une tutelle de la Région sur l’Assemblée départementale, mais une vraie synergie quant aux objectifs fixés et qui doit se traduire par la mise en commun de moyens. Cela sous-entend que Josette Borel-Lincertin puisse, elle aussi, être force de proposition et non une simple caisse de résonnance ou enregistreuse. Ensuite qu’enfin on puisse dresser de vrais états des lieux. Ensuite des projections à moyen et long terme, avant de mettre en œuvre des actions qui souvent tiennent davantage du saupoudrage qu’à de vraies politiques publiques, qu’on peine ou qu’on a honte d’évaluer, tellement elles sont insanes ou inopérantes. Le principe vaut aussi pour tout changement ou évolution statutaire ou Assemblée unique. Quelle est la situation économique, démographique, sociologique, sociale du pays ? Où voulons-nous aller ? Pour quels objectifs ? Avec quels moyens ? Quelle fiscalité ? Tout cela mis à plat nous pourrons alors envisager l’outil politico-administratif le mieux approprié pour l’avenir. C’est autre chose -pour parodier le général de Gaulle parlant de l’Europe- que de sauter comme un cabri en criant gouvernance, gouvernance, gouvernance…

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