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« Elle produit des solutions imparfaites », Emmanuel Macron, président de la République.
Qui mène les politiques publiques aujourd’hui ? Qui y intègre les jeunes ? Dans quelle mesure les jeunes sont-ils dans lesdites commissions jeunes ? Sont-ils consultés ?
Ces interrogations au regard toujours de la désinvolture patente de la jeunesse quant aux échéances électorales. Nous l’avons vu lors de la toute première tribune que j’ai publiée, l’abstention des jeunes atteint des sommets, et propulse l’abstention générale vers des records au fil des ans.
À bien y réfléchir, et malgré des recherches en ce sens, je n’ai pas souvenir d’un sommet des jeunes en pays Guadeloupe. À quand remontent les derniers États généraux de la jeunesse ? Quand la jeunesse a-t-elle pour la dernière fois eu voix au chapitre ? D’ailleurs, en y regardant de plus près, je n’ai pas souvenir d’avoir été interrogé plus jeunes ou même actuellement sur les outils que j’aurais jugés nécessaires à mon évolution. Mon opinion ne vaut pas vérité universelle, mais le débat est ouvert, je suis prêt à être contredit. De mémoire, lors de l’approche d’échéances électorales, les jeunes qui étaient courtisés en bas des tours se voyaient présenter une multitude de projets à leurs bénéfices. Quid de la concertation avec ceux auxquels le projet était destiné. Tout cela pour au final peu, ou pas de concrétisations réelles, et le mécontentement grandissant. En tant qu’ancien jeune de la prime jeunesse issu de quartier prioritaire, et de jeune dans la matière politique tant par l’âge que par la durée d’engagement, j’aspire encore à la création d’espaces de paroles au profit des jeunes de tous horizons.
Messieurs les politiciens, nous ne demandons pas à être sauvés. Messieurs les décideurs, nous ne demandons pas à ce que l’on fasse à notre place. Nous demandons d’être considérés, concertés et respectés. Nous exigeons que vous nous permettiez de prendre toute notre place, toute notre part, dans les décisions qui seront prises quant à notre société. Il y va de la pérennité des acquis démocratiques, crierait le jeune que j’étais jadis.
Mais en vérité, raisonnons !
N’y a-t-il pas davantage à gagner à inclure ceux qui demain devront assurer les décisions, constituer les retraites, et protéger les valeurs et traditions que nous voulons transmettre, au débat dès maintenant ? Cela me semble être du bon sens, mais là encore je suis ouvert à ce que la contradiction me soit portée.
Certains se plaisent à dire que la jeunesse ne dispose pas de suffisamment de hauteur de vue pour prendre des décisions pragmatiques. Ne courons-nous pas le risque, en demeurant en altitude, sans jamais prendre la température du plancher des vaches, de mal négocier l’atterrissage ? Car c’est bien ce dont il s’agit. Prendre des mesures pour aider, édifier et protéger ceux qui délèguent leurs compétences à quelques élus, c’est là tout l’objet de la politique.
Voici la proposition.
Chers dirigeants, veuillez inclure les jeunes à vos commissions thématiques, à vos comités de travail. Incluez-nous, non à titre de gadgets, mais par conviction que nous sommes des esprits pensants, dignes et fiers. Capable de produire des idées, et conduire des projets. Impliquez-nous, instruisez-nous, accompagnez-nous, mais surtout Écoutez-nous !
« Elle produit des solutions imparfaites » ! Tels étaient les mots de Monsieur le Président de la République, lors de son annonce de candidature, au sujet du système dont il faisait partie en tant que Ministre de l’économie. Cette phrase interpelle, car si en tant que ministre, c’est-à-dire, en tant que jeune, membre du jeu politique au plus haut niveau, il dut faire état de cette défaillance de l’État… Quid de l’écoute reçue par ce « novice » en la matière, lors de ses diverses propositions.
Yann Nanette
Jeune entrepreneur et conseiller municipal de la ville de Pointe-à-Pitre
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