Pointe-à-Pitre est au bord du gouffre. Ce sont les finances exsangues associées à un déficit colossal de la ville qui font l’actualité. Mais c’est de déclin général dont il s’agit. Déclin perceptible à tous les niveaux. La ville est sale. Comme si on ne lui prodiguait pas d’entretien. Le centre-ville est à peine éclairé. Les sans domicile fixes (SDF) y traînent leur misère et leur crasse. Il n’y a plus aucune administration dans Pointe-à-Pitre. Elles ont trouvé refuge à Providence aux Abymes. Les magasins exposent des produits bas de gamme. À l’attention d’une clientèle désargentée. La seule qu’ils attirent. Les croisiéristes qui débarquent le dimanche dans la ville, errent jusqu’au marché aux épices. Quelques-uns poussent leur ballade jusqu’au Mémorial Acte et reviennent à leur bateau. La ville n’a jamais eu une réflexion qui lui permettrait de tirer profit de son exceptionnelle façade maritime. Celle-ci s’étend du quartier de Lauricisque à l’université de Fouillole. Avec son positionnement géographique central, l’ouverture sur la mer riche d’infrastructures modernes est le principal atout de Pointe-à-Pitre.
Depuis une cinquantaine d’années, les dirigeants de la ville ne veulent pas le savoir. Ils ont tout misé sur les rénovations urbaines successives. Pointe-à-Pitre n’est plus le cloaque des années soixante d’où émergeaient des taudis. L’habitat est assaini. De nouveaux quartiers ont vu le jour, Bergevin, Assainissement, Lauricisque, Henri IV. Mais ce nouvel aménagement du territoire a coupé la ville en deux. D’un côté le centre qui n’en peut plus de dépérir. De l’autre, la périphérie et ses nouveaux quartiers, objet de toute l’attention des dirigeants de la ville. Sur fond de campagne électorale, tous les prétendants ou presque à la succession de Jacques Bangou embouchent aujourd’hui, les trompettes de la dénonciation. C’est la règle du jeu. Des discours, jusqu’ici, on ne voit émerger nulle proposition, aucune stratégie, pas l’ombre d’une idée qui permettrait à Pointe-à-Pitre de sortir de l’ornière. Tourner la page oui. À condition d’écrire une nouvelle histoire. Une nouvelle histoire qui sera plus belle et qui réponde aux attentes des citoyens pointois.
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