Campagne atone

Qui sortira en tête des élections européennes en Guadeloupe ? La question est posée. La réponse ne risque pas d’avoir grande signification, tant le nombre de votants menace d’être insignifiant. Championnes toutes catégories de l’abstention en Guadeloupe, les élections européennes version 2019 s’expose à battre tous les records. Le désintérêt à l’égard de ce scrutin n’a jamais été aussi fort. Trop loin, trop compliqué, sans intérêt, abstrait. Toutes ces raisons sont évoquées lorsqu’on tente d’expliquer le peu d’engouement des Guadeloupéens. Cette fois, il faudra ajouter aussi, le peu d’engagement du personnel politique. Dans une campagne presque atone, c’est le Rassemblement national qui a réussi le plus à faire parler de lui. Le parti de Marine Le Pen aurait pu défrayer la chronique en réalisant un score sans précédent en Guadeloupe. Des électeurs guadeloupéens auraient franchi le pas au nom de la solidarité ou en vertu d’un phénomène d’identification. Christiane Delannay-Clara coachée par Blaise Aldo avait établi des contacts au niveau des édiles de municipalités. Les conditions de son éviction, la cacophonie qui s’est ensuivie, les explications tordues du Rassemblement national pour expliquer le sacre de Maxette Grisoni-Pirbakas ont jeté un froid. Il n’y aura peut-être pas d’effet Le Pen en Guadeloupe. Et pas plus d’effet Macron non plus. Ceux qui devraient se réclamer du président de la République pratiquent soit l’évitement soit la marche effarouchée de l’écrevisse. Les socialistes ne sont pas plus entreprenants. C’est la formation politique à disposer, avec ses apparentés, du plus grand nombre de municipalités en Guadeloupe. Pas un seul leader socialiste n’a dit s’il fallait voter Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou Tartanpion. Au final c’est peut-être La France insoumise qui aura le plus mouillé son maillot sur le terrain local. Pas sûr pourtant que cela suffise. Faute de la présence d’un Guadeloupéen en position éligible, il serait fort surprenant que la mayonnaise prenne. Quant aux élus qui sollicitent régulièrement les fonds européens, il faut croire qu’ils ont décidé d’y renoncer. Dès lors, ils doivent le dire.