L’incendie du CHU de Pointe-à-Pitre est un coup brutal qui n’a pas fini d’entraîner des conséquences au niveau de l’organisation sanitaire de la Guadeloupe. En dépit de son caractère exceptionnel, il n’est qu’une accélération d’un processus de délabrement déjà engagé. La Cour des comptes, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), la Haute autorité de la santé ont chacun à leur tour mis en lumière les errements de l’établissement. Chaque fois, les dirigeants ont fait le dos rond. Une fois passé le frémissement occasionné par le choc de l’information, plus rien. Le rapport de l’Igas publié en janvier 2016 pose sur le CHU un diagnostic inquiétant. Il relève la faiblesse managériale du CHU en crise perpétuelle. Doux euphémisme.
Comment se relever et marcher droit lorsque celui qui doit donner le ton déraille ? Le poisson pourrit toujours par la tête. L’institution pointe l’instabilité et la rotation rapide des directeurs. Jean-Claude Pozzo di Borgo précédent directeur général devait redresser la barre. Il a officié dix-huit mois. Des cadres attestent qu’il n’est pas revenu d’un de ses départs à Paris. Autrement dit, le personnel ne savait même pas que le directeur ne reviendrait pas. L’Igas ajoute que le départ des directeurs entraîne celui de plusieurs cadres de direction. Plusieurs de leurs homologues antillais ont une façon plus prosaïque de décrire ce management. Selon eux, les directeurs généraux arrivent avec des idées formatées sur le personnel. Ils font venir des cadres, avec qui ils dirigent. Ceux des collaborateurs qui n’entrent pas dans le moule sont écartés.
L’épisode pyralène enfonce davantage la politique managériale de l’établissement. Comment Pierre Thépot directeur général du CHU peut-il publiquement soutenir “nous avons fait des recherches, nous n’avons pas trouvé de transformateur au pyralène au CHU”. Alors que peu de temps après, sont découverts plusieurs appareils de ce type ? La nouvelle version de la direction du CHU qui cette fois soutient qu’il n’y avait pas de pyralène dans le local qui a brûlé, est réputée suspecte. Même si elle est vraie. La justification puérile du directeur technique n’y change rien. Contrairement à ce qu’a déclaré ce cadre, le directeur général est censé savoir tout ce qui se passe dans son établissement. Surtout s’il s’agit de sécurité. Il en est le premier responsable.
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