Iconoclaste, imprévisible, dérangeant, agaçant et transgressif. Emmanuel Macron s’est résolument positionné dans la rupture. Il était jusque-là de bon ton de ne pas heurter les élus de la France profonde : plus particulièrement les maires et les conseillers départementaux. Le président de la République les a réunis afin de leur signifier qu’il poursuivrait quoiqu’ils puissent en dire et penser sa politique de restriction budgétaire. Celui qui pourrait être le fils de nombreux élus locaux s’est permis de leur donner au passage une leçon de politesse lorsqu’ils se sont hasardés à le siffler. “Je demandais à des militants de ne pas siffler, je suis en droit d’espérer autant des élus de France“, leur a-t-il asséné en substance. Cette répartie n’est qu’une péripétie dans le cheminement d’un président qui entend aller au bout de sa politique. C’est aussi chez lui le signe d’une irrévérence inhabituelle et d’une détermination sans faille.
En visite au Burkina Faso Emmanuel Macron a entonné le même refrain de la rupture. Alors que Nicolas Sarkozy n’avait pas hésité à proférer à l’endroit des Africains une contre-vérité insultante – les Africains ne sont pas rentrés dans l’histoire – Emmanuel Macron lui, adopte le contre-pied inverse. Dans son discours de Ouagadougou, le président français a estimé que “l’Afrique était un continent central, global, incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains”. Pour donner corps à ses propos, le chef de l’État a annoncé que les œuvres d’art africaines exposées dans les musées français seraient restituées aux pays d’Afrique d’ici cinq ans. De même, il a promis la déclassification des documents français sur l’assassinat de l’ancien président du Burkina Faso Thomas Sankara, dans lequel la France est soupçonnée d’avoir joué un rôle trouble.
Emmanuel Macron a revendiqué de n’être pas de la génération de la France coloniale. De l’Afrique, il a retenu l’avènement de Nelson Mandela. Cette référence à laquelle se rallie Emmanuel Macron renie les réseaux de la France Afrique chers à tous les présidents de la Ve République. À commencer par le général de Gaulle qui les avait mis en place. Les déclarations du président de la République en Afrique viennent chambouler les certitudes d’une génération qui a perdu pied. L’élection d’Emmanuel Macron – 39 ans – n’a pas seulement tué la droite et la gauche. Elle a également ringardisé, si ce n’est éliminé définitivement, toute une génération politique affadie qui n’a rien vu venir. C’est désormais une nouvelle partition qui se joue. Reste à souhaiter que la musique qui en découle déclenche chez les Français de bonnes vibrations.
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